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 Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893)

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2 participants
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Laura DC
Admin
Laura DC


Messages : 113
Date d'inscription : 04/12/2013
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MessageSujet: Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893)   Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893) Icon_minitimeDim 4 Oct - 16:20

ATTENTION ! Cette nouvelle ne m'appartient pas, mais j'ai tenu à la poster sur le forum car elle est assez pertinente. Bonne lecture !

I.

Comme c’était une journée agréable, Madame Valmonde allait à l’Abri pour voir Désirée et le bébé.
Cela la faisait rire de penser à Désirée avec un bébé. Parce qu’il semblait que hier encore Désirée avait été elle-même un bébé ; lorsque Monsieur, en arrivant à cheval par la porte de Valmonde, l’avait trouvée, couchée et dormant dans l’ombre de la grande colonne de pierre.
La petite s’était réveillée dans ses bras et s’était mise à crier « dada ». C’était tout ce qu’elle pouvait faire ou dire. Certaines gens pensaient qu’elle avait erré là de façon volontaire, car elle était à l’âge de la marche incertaine. La plupart croyaient qu’elle avait été abandonnée par un groupe de Texans dont la voiture bâchée, couverte de canevas, était venue sur le bac tenu par Coton Mais, juste au-dessous de la plantation. Madame Valmonde abandonna à temps toute spéculation sauf celle selon laquelle Désirée lui avait été envoyée par une Providence charitable afin qu’elle fût l’enfant de son affection, vu qu’elle était sans enfant de sa chair. Car la fille grandissait et devenait belle et gentille, aimable et sincère – l’idole de Valmonde.
Il n’y avait pas de miracle, lorsqu’elle s’était appuyée un jour contre la colonne de pierre dans l’ombre de laquelle elle avait été couchée 18 années auparavant, qu’Armand Aubigny passant à cheval devant elle et l’apercevant était tombé amoureux d’elle. C’était la manière dont tous les Aubigny tombaient amoureux, comme atteints par un tir de pistolet. Le miracle était qu’il n’avait pas été amoureux d’elle avant; car il l’avait connue depuis que son père l’avait ramené de Paris, à l’âge de huit ans, après que sa mère y fut morte. La passion qui s’éveilla en lui ce jour-là, quand il la vit à la porte, l’écrasa comme une avalanche, ou comme un feu de prairie, ou comme tout ce qui roule précipitamment en écrasant tous les obstacles.
Monsieur Valmonde devenait sérieux et voulait que les affaires fussent bien considérées : à savoir, l’origine obscure de la fille. Armand la regardait dans les yeux et s’en fichait. On lui rappela qu’elle était sans nom. Quelle était l’importance d’un nom s’il pouvait lui donner un des plus vieux et fiers en Louisiane ? Il commanda la corbeille à Paris, et se contenta avec le plus de patience possible jusqu’à ce qu’elle arrivât ; dès lors, ils étaient mariés.

II.

Madame Valmonde n’avait pas vu Désirée et le bébé pendant quatre semaines. Quand elle arriva à l’Abri, à son premier regard, elle trembla, comme elle le faisait toujours. C’était un lieu à l’air triste et qui n’avait pas connu la présence aimable d’une maîtresse pendant beaucoup d’années, vu que le vieux Monsieur Aubigny avait épousé et enterré sa femme en France, et qu’elle avait trop aimé ses propres terres pour pouvoir les jamais quitter. Le toit s’érigeait droit, noir comme une bure, s’étendant au dessus des galeries larges qui entouraient la maison en stuc jaune. De grands chênes solennels poussaient près d’elle, et leurs branches, feuillues dru et s’étendant loin, l’ombraient comme un drap mortuaire. Le régime du jeune Aubigny était strict et, sous lui, les nègres avaient oublié ce qu’était la joie comme ils l’avaient vécue pendant la vie simple et clémente du vieux maître.
La jeune mère était en train de se remettre lentement, et était couchée de tout son long, dans ses mousselines et dentelles blanches et moelleuses, sur un canapé. Le bébé était à son côté, sur son bras, où il s’était endormi, à son sein. La bonne métissée était assise à côté d’une fenêtre, en s’éventant.
Madame Valmonde pencha sa figure grassouillette sur Désirée et lui donna un baiser, la tenant un instant doucement dans ses bras. Ensuite, elle se tourna vers l’enfant.
« Mais ce n’est pas le bébé ! s’exclama-t-elle, d’un ton terrifié. C’était le français qu’on parlait chez les Valmonde dans ces jours-là.
« Je savais que tu allais être surprise, rit Désirée, de la manière dont il a grandi. Le petit cochon de lait ! Regarde ses jambes, maman, ses mains et ses ongles – des vrais ongles. Zandrine a dû les couper ce matin. Pas vrai, Zandrine ? »
La dame baissa majestueusement sa tête enturbannée. « Mais si, Madame. »
« Et la manière dont il crie, continua Désirée, est assourdissante. L’autre jour, Armand l’a même entendu depuis la cabane de La Blanche. »
Madame Valmonde n’avait jamais quitté l’enfant des yeux. Elle le leva et alla avec lui à la fenêtre qui était la plus claire. Elle survola le bébé d’un regard attentif, puis regarda, comme si elle cherchait quelque chose, dans la direction de Zandrine, qui avait tourné son visage pour fixer son regard sur les champs.
« Oui, l’enfant a grandi, il a changé, dit Madame Valmonde, lentement, lorsqu’elle le replaça à côté de sa mère. « Que dit Armand ? »
Le visage de Désirée devint inondé d’un reflet qui fut le bonheur même.

III.

« Oh, Armand est le père le plus fier dans tout le district, je crois, surtout parce que c’est un garçon, qui portera son nom; néanmoins, il dit qu’il aurait aussi aimé une fille. Mais je sais que ce n’est pas vrai. Je sais qu’il dit cela pour me faire plaisir. Et, maman, ajouta-t-elle, tirant bas la tête de Madame Valmonde près d’elle, et lui parlant en chuchotant, il n’a puni personne – pas même un seul d’entre eux – depuis que le bébé est né. Même Négrillon, qui avait prétendu s’être brûlé la jambe afin de pouvoir échapper au travail – il a seulement ri et dit que Négrillon était un grand galopin. Oh, maman, je suis tellement heureuse; ça me fait peur. »
Ce que Désirée dit était vrai. Le mariage, et puis la naissance de son fils, avaient adouci considérablement la nature impérieuse et exigeante d’Armand Aubigny. C’était ce qui rendait l’aimable Désirée si heureuse, car elle l’aimait follement. Quand il plissait le front, elle tremblait, mais elle l’aimait. Quand il riait, elle ne demandait pas meilleur. Mais le visage sombre et imposant d’Armand n’avait pas été déformé souvent par des froncements depuis le jour qu’il était tombé amoureux d’elle.
Lorsque le bébé avait trois mois, Désirée s’éveilla un jour avec la conviction que quelque chose était dans l’air qui menaçait sa paix. D’abord, c’était trop subtile pour être capté. Ce n’avait été qu’une suggestion troublante ; un air mystérieux chez les noirs; des visites imprévues de la part de voisins éloignés qui pouvaient justifier à peine leurs venues. Ensuite, un changement étrange, atroce dans le comportement de son époux, qu’elle n’osait pas lui demander d’expliquer. Quand il lui parlait, c’était les yeux détournés dont l’ancienne flamme d’amour semblait s’être éteinte. Il s’absentait de la maison; et quand il était là, il évitait sa présence et celle de son enfant, sans excuse. Et l’esprit véritable de Satan sembla soudainement l’avoir pris dans ses relations avec ses esclaves. Désirée était assez malheureuse pour mourir.
Elle était assise dans sa chambre, un après-midi chaud, dans son peignoir, traversant sans emphase ses doigts avec les mèches de ses longs cheveux bruns de soie qui tombaient sur ses épaules. Le bébé, à moitié nu, était couché et dormait sur son propre grand lit d’acajou, qui était comme un trône somptueux, avec son demi-baldaquin aligné de satin. Un des petits garçons quarterons de La Blanche – à moitié nu, lui aussi – était debout, éventant lentement l’enfant avec un éventail de plumes de paon. Les yeux de Désirée avaient été fixés sans présence et tristement sur le bébé pendant qu’elle s’était efforcé de pénétrer le brouillard menaçant qu’elle sentait se fermer au dessus d’elle. Du regard, elle passait et repassait de l‘enfant au garçon qui était à son côté, toujours et toujours . « Ah ! » C’était un cri qu’elle ne pouvait pas éviter; dont elle n’était pas consciente de l’avoir poussé. Le sang se glaça dans ses veines, et une humidité froide s’accumula sur son visage.

IV.

Elle tenta de parler au petit garçon quarteron; mais aucun son ne sortit d’abord. Quand il entendit son nom prononcé, il leva son regard, et sa maîtresse pointa son doigt vers la porte. Il déposa le grand éventail moelleux et, obéissant, sortit furtivement, sur le sol poli, sur ses pointes nues de pied.
Elle resta sans mouvement, le regard fixé sur son enfant, et son visage était le tableau de la peur.
À ce moment, son époux entra dans la chambre et, sans la voir, se rendit à une table où il commença de chercher parmi quelques papiers qui la couvraient.
« Armand » l’appela-t-elle, avec une voix qui dut le poignarder, s’il était un être humain. Mais il ne s’en aperçut pas. « Armand » dit-elle encore une fois. Puis elle se leva et tituba vers lui. « Armand » haleta-t-elle encore une fois, saisissant son bras : « Regarde notre enfant. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dis-moi. »
Froidement, mais gentiment, il détacha les doigts de Désirée de son bras et éloigna la main d’un jet. « Dis moi ce que cela veut dire ! cria-t-elle désespérément.
« Cela veut dire, répondit-il légèrement, que l’enfant n’est pas blanc; ça signifie que tu n’es pas blanche. »
Une compréhension rapide de tout ce que cette accusation signifiait pour elle la fortifia avec un courage inhabituel de le nier. « C’est un mensonge; ce n’est pas vrai, je suis blanche ! Regarde mes cheveux, ils sont bruns; et mes yeux sont gris, Armand, tu sais qu’ils sont gris. Et ma peau est claire, dit-elle en saisissant son poignet. Regarde ma main, plus blanche que la tienne, Armand, ria-t-elle de façon hystérique.
« Aussi blanche que celle de La Blanche, rétorqua-t-il cruellement; et il la quitta, la laissant seule avec leur enfant.
Quand elle eut enfin la force de tenir un stylo dans sa main, elle envoya une lettre désespérée à Madame Valmonde.
« Ma mère, ils me disent que je ne suis pas blanche. Armand m’a dit que je n’étais pas blanche. Pour l’amour de Dieu, dis-lui que ce n’est pas vrai. Tu dois savoir que ce n’est pas vrai. Je vais mourir. Je dois mourir. Je ne peux pas être si malheureuse, et continuer à vivre. »
La réponse qui vint fut brève :
« Désirée, ma chérie : Reviens à Valmonde ; à ta mère qui t’aime. Viens avec ton enfant. »
Lorsque la lettre parvint à Désirée, elle la prit, alla au bureau de son époux et la déposa ouvertement sur la table devant laquelle il était assis. Elle était comme une image de pierre: silencieuse, blanche, sans émotions après l’y avoir déposée.

V.

En silence, il survola les mots écrits de ses yeux froids. Il ne dit rien. « Dois-je partir, Armand ? demanda-t-elle d’un ton aigu, dans une attente angoissée.
— Oui, va-t-en.
— Tu veux que je parte ?
— Oui, je veux que tu partes. »
Il pensa que le Dieu tout-puissant l’avait traité cruellement et injustement; et il sentit, d’une manière imprécise, qu’il remboursa Dieu de la même façon qu’il avait poignardé l’âme de sa femme. De plus, il ne l’aimait plus, à cause de la blessure inconsciente qu’elle avait apporté à sa maison et à son nom.
Comme abasourdie par un coup, elle se détourna et alla lentement à la porte, espérant qu’il allait la rappeler.
« Adieu, Armand, gémit-elle. Il ne répondit pas. C’était son dernier coup du sort.
Désirée alla chercher son enfant. Zandrine était en train de marcher avec lui dans la gallerie sombre. Elle enleva le petit des bras de la bonne, sans un mot d’explication et, descendant les marches, s’en alla, sous les branches des chênes verts.
C’était un après-midi d’Octobre; le soleil était en train de se coucher. Dans les champs calmes là-bas, les nègres étaient en train de recueillir du coton.
Désirée n’avait pas changé la veste fine blanche ni les pantoufles qu’elle portait. Ses cheveux n’étaient pas couverts et les rayons de soleil portaient un reflet d’or à ses mailles brunes. Elle ne prit pas la route large et piétinée qui conduisait à la plantation reculée de Valmonde. Elle marcha à travers un champ désert, où les chaumes piquèrent ses pieds tendres, si doucement chaussés, et déchirèrent en lambeaux sa robe fine.
Elle disparut parmi les roseaux et saules qui poussaient les uns près des autres le long de la rive du bayou profond et dense; et elle ne revint jamais.
Plusieurs semaines plus tard, un spectacle curieux se joua à l’Abri. Au centre de l’arrière-cour balayée et lisse, on fit un grand feu. Armand Aubigny fut assis sur la terrasse large avec vue sur le spectacle; et ce fut lui qui distribua à la demi-douzaine des nègres le matériel qui tint le feu flamboyant.
On posa un berceau charmant en saule, avec tous ses accessoires, sur le bûcher, qui avait déjà été nourri avec la richesse d’une layette sans prix. Ensuite, des robes de soie, puis celles de velours et de satin furent ajoutées; des dentelles aussi, et des broderies, des bonnets et des gants; car la corbeille avait été d’une qualité rare.

VI.

La dernière chose à jeter fut une liasse minuscule de lettres : des petites pattes de mouche innocentes que Désirée lui avait envoyées pendant les jours de leur mariage. Il y avait un reste de lettre dans le fond du tiroir duquel il les prit. Mais elle n’était pas de Désirée : c’était la partie d’une vieille lettre de sa mère à son père. Il la lut. Elle remerciait Dieu pour la bénédiction de l’amour de son époux :
« Mais au-delà de tout, écrivait-elle, jour et nuit, je remercie le bon Dieu pour avoir arrangé nos vies de la façon que notre cher Armand ne saura jamais que sa mère, qui l’aime, fait partie de la race qui est maudite par la marque de l’esclavage. »


Dernière édition par Laura DC le Dim 5 Jan - 20:03, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893)   Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893) Icon_minitimeLun 12 Sep - 21:49

magnifique !!!
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Laura DC
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Laura DC


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MessageSujet: Re: Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893)   Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893) Icon_minitimeMar 13 Sep - 8:43

Very Happy Very Happy
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MessageSujet: Re: Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893)   Le bébé de Désirée - Kate Chopin (1893) Icon_minitime

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